TémoignagesCes Lyonnais qui fuient la Fête des lumières devenue « trop touristique »

Lyon : « Nostalgiques de la tradition » ou « étouffés » par le monde, ces Lyonnais qui fuient la Fête des lumières

TémoignagesSi la Fête des lumières de Lyon attire plus de deux millions de visiteurs chaque année, elle fait également déguerpir certains de ses habitants
Les Lyonnais et Lyonnaises qui ont décidé de ne plus se rendre à la Fête des lumières trouvent qu'il y a « trop de monde » pour vraiment profiter de l'événement (Illustration)
Les Lyonnais et Lyonnaises qui ont décidé de ne plus se rendre à la Fête des lumières trouvent qu'il y a « trop de monde » pour vraiment profiter de l'événement (Illustration) - Yannis Vlamos/SIPA / Sipa
Elise Martin

Elise Martin

L'essentiel

  • Cette année, la Fête des lumières se déroule du jeudi 7 au dimanche 10 décembre, avec 29 sites de projections dans Lyon.
  • Si l’événement attire deux millions de personnes, il fait également fuir certains habitants.
  • « Trop de monde », « fête commerciale », ou encore « perte de tradition », déplore une partie de nos lecteurs tandis que d’autres ne manqueraient l’évènement « pour rien au monde ».

Evènement incontournable de la ville de Lyon, la Fête des lumières attire en moyenne deux millions de visiteurs chaque hiver. Si les animations artistiques projetées sur les façades des principaux monuments durant quatre soirs ont fait la renommée de la ville, l’événement est parfois boycotté par ses habitants qui préfèrent fuir la cité et ses touristes. La raison ? « Trop de monde », répondent unanimement nos lectrices et nos lecteurs.

« Oui c’est beau mais c’est invivable au regard de la foule », résume en une phrase, Benjamin, 38 ans. « C’est impossible de profiter avec cette quantité de personnes qui se massent dans les rues », ajoute Pierre-Marie, 39 ans. Lui, quitte alors « systématiquement la ville » pour retrouver sa famille ou ses amis ailleurs. Même choix du côté de Chantal, 59 ans, qui se « réfugiera » ce week-end chez ses enfants pour « ne pas avoir l’impression d’étouffer » avec « cette foule ». Mike, 30 ans, ne sera pas non plus de la partie ces prochains jours, il ira à « la campagne » pour « éviter cette galère » qui est « de pire en pire », selon lui.

« Je fais mes réserves pour plusieurs jours et je me barricade ! »

D’autres habitants ont fait le choix de rester à Lyon tout en boycottant les festivités. Toujours à cause du monde dans les rues. C’est le cas de Stéphanie, 34 ans, qui préfère « laisser la place aux touristes ». Pendant quatre jours, elle restera « bien au chaud » chez elle. Pareil pour Saddie, 27 ans, qui compare cette période à un « confinement » : « Pas question de mettre le nez dehors à ce moment-là. Je fais mes réserves pour plusieurs jours et je me barricade ! »

« Il y a encore quelque temps », tous les arrondissements « étaient investis » par la fête, regrettent certains, bien que l’événement investisse cette année de nouveaux quartiers comme la Duchère. Ou le parc Blandan depuis quelques éditions. Sylvie confesse avoir la « nostalgie » où il y avait « des petites animations de quartiers, des concours de vitrines et des déambulations dans les rues » et déplore un « recentrage des activités » sur la presqu’île.

Muriel, 47 ans, est du même avis. Habitante du 8e arrondissement, elle a « perdu l’ambiance de [son] quartier illuminé par les commerçants qui préparaient une vitrine pleine de magie, dévoilée le 8 décembre au soir » ou qui « faisaient en pleine rue des sculptures sur glace et proposaient vin chaud, chocolat chaud, grattons et quelques mets à déguster ». Une habitude qui a été bouleversée depuis les mesures de sécurité liées aux attentats de Paris, selon elle. Désormais, avec sa famille, ils se retrouvent pour manger une raclette et allument une guirlande du sapin. « Si on ne veut pas perdre son âme de Lyonnais, il faut se créer soi-même de nouvelles traditions », estime-t-elle.

« Fier de ma ville et de ce spectacle »

Muriel n’est pas la seule à penser que la « tradition » a « laissé place à du tourisme de masse » et à une « fête commerciale » (bien que gratuite). Philippe, par exemple, se désole que « cette date chère au cœur de tous les Lyonnais » soit devenue « une foire ». Pour Florence et Jade, cette célébration a même « perdu son âme » et « n’appartient plus aux Lyonnais ». Toutes ces personnes précisent toutefois qu’elles continueront de mettre lumignons au bord de leurs fenêtres le 8 décembre afin de « respecter » la coutume.

Mais tous les habitants de Lyon ne fuient pas la Fête des lumières. Loin de là. « Je suis fier de ma ville et de ce spectacle ! », écrit Vincent, 47 ans. Il y va « tous les ans » depuis qu’il est enfant et se dit « heureux de l’évolution de cette fête traditionnelle ». Pour lui, le côté touristique n’est pas un problème et permet même « de belles rencontres ». Pour « éviter la grande foule », il profite de ce que « la fête dure plusieurs jours ».

Brune opte pour la même stratégie et privilégie le « jeudi ou le dimanche », plus « calmes ». Pour elle, il est inconcevable de rater sa « fête préférée ». « Je ne manque pas une année, assure cette femme de 30 ans. La beauté de Lyon et ses lumières, il n’y a rien de plus magique ! » Un constat partagé par Véronique. « Chaque année, c’est un vrai émerveillement. Je ne quitterai Lyon pour rien au monde », conclut-elle.

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