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Isabelle Caro. Sa mère s’est suicidée

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© Sebastiano Stringola / Abaca Press
Marie Desnos

Au drame d’avoir perdu sa fille anorexique Isabelle, s’ajoute pour Christian Caro celui de la mort de sa femme, qui a mis fin à ses jours, ne supportant pas cette tragédie. Malheureux mais combattif, il annonce par ailleurs qu’il a porté plainte contre des médecins qu’il juge responsable de la mort de son enfant.

Le désespoir d’une famille. Deux mois presque jour pour jour après la mort d’Isabelle Caro, cette jeune femme anorexique devenue célèbre en posant, en 2007, sous l’objectif du photographe italien Oliviero Toscani, révélant aux yeux du monde la réalité physique de l’anorexie, sa mère s’est donnée la mort. C’est son mari, Christian, qui le révèle dans une interview choc publiée ce lundi dans les colonnes du quotidien suisse «20 Minutes». «Ma femme a mis fin à ses jours la semaine passée, a confié ce père et époux brisé. A la base, elle s’est sentie coupable d’avoir fait hospitaliser ma fille à Bichat. Ma fille ne voulait pas aller dans cet hôpital parce qu’elle avait déjà été une fois aux urgences et ne comprenait pas qu’ils refusent une transfusion à une dame de 70 ans parce qu’il fallait garder le sang pour des jeunes. Mais les pompiers l’ont envoyée à Bichat, donc mon épouse s’est sentie responsable», relate-t-il. «Ma femme et Isabelle étaient très proches, Elles avaient une relation fusionnelle, poursuit-il. (…) Nous étions une famille très soudée.»

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Outre cette «culpabilité», est venue s’ajouter «la presse, surtout une interview de Toscani qu’elle a réussi à voir, même si j’ai essayé de filtrer au maximum.» Dans un récent entretien au même site d’information helvète, le photographe qui l’avait immortalisée pour cette fameuse et controversée campagne, parrainée par la marque de vêtements italiens «No-I-ita», a jugé Isabelle «très égoïste et très imbue d'elle-même.» «Elle n'a jamais compris qu'elle n'était pas mannequin, a-t-il taclé. C'était une fille malade et en phase terminale, elle pensait avoir du succès en tant qu'actrice, mais elle s'est monté la tête», a-t-il estimé. Selon lui, Isabelle Caro était «devenue victime d’elle-même» en utilisant les médias. «C’est scandaleux de raconter ça sur une fille qui vient de mourir, Et qui lui a fait gagner aussi de la notoriété», a dénoncé Christian Caro.

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Une plainte pour homicide involontaire

Il est par ailleurs revenu sur les circonstances controversées de sa mort. Tandis que «20 Minutes» croyait savoir que la jeune femme d’origine marseillaise avait péri le 17 novembre dernier des suites d’une pneumonie, une de ses amies rétablissait en effet sa vérité quelques jours plus tard dans le magazine «Grazia». «Isabelle est morte d'anorexie, avait confié Kim Warani, qui l’avait rencontrée au cours Florent. Ce n'est ni une pneumonie, ni un suicide. Elle est morte d'anorexie comme on meurt du Sida. Elle était épuisée. Son corps a dit stop.» Pour son père, c’est en fait la négligence des médecins qui ont achevé son enfant. «Elle a été hospitalisée le 16 novembre 2010 pour un mal de ventre, raconte Christian Caro. Sur demande de ma femme, elle a été emmenée par les pompiers à l’hôpital Bichat, à Paris. Elle a expliqué aux médecins ce qui se passait et leur a parlé de sa maladie. Les médecins ont dit: ‘On va faire des examens mais pour pas que vous soyez gênée on va vous endormir’». Chose qu’ils n’auraient jamais dû faire.» «On n’endort pas quelqu’un dans son état», dénonce-t-il encore sur 20min.ch. Selon lui, ça ne fait aucun doute: cette décision l’a «envoyée à la mort tout de suite». «Elle est morte parce qu’ils l’ont débranchée.» Isabelle est décédée le 17 novembre en début d’après-midi.

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«Scandalisé», ce père en colère annonce donc qu’il a donc «déposé plainte auprès du procureur de la République, à Paris, pour homicide involontaire.» Christian Caro fustige un système qui «débranche» les patients «parce qu’il y en a d’autres qui arrivent». «Deux médecins nous ont pris à part avec ma femme dans un bureau et nous ont dit: ‘Vous savez de toute façon votre fille n’avait pas envie de vivre’, poursuit-il. Ils l’ont abrégée.» Selon lui, sa fille, qui était âgée de 28 ans, n’avait au contraire «qu’une envie: vivre». Très impliquée dans la cause des anorexiques depuis sa médiatisation, Isabelle était revenue, quelques semaines avant sa mort, d’un voyage au Japon pour des émissions de télévision «pour aider des gens», selon les termes de son père. «Elle était allée dans des écoles pour sensibiliser les jeunes au problème de l’anorexie. Elle savait qu’elle-même avait du mal à s’en sortir, mais elle essayait quand même de mettre en garde les autres contre tous les problèmes de l’anorexie.» Et la jeune femme fragile mais ambitieuse avait d’autres projets. Elle venait de quitter Marseille pour emménager à Paris, et préparait notamment un film de Ludovic Andolfo, dans lequel elle allait tenir le rôle principal. «Quand elle est rentrée du Japon, (…) elle m’a dit: ‘Maintenant j’ai hâte, je vais démarrer mon film dans les jours qui suivent’.»

Christian Caro aussi a d’autres projets. D’abord, il n’en a pas fini de ses batailles. Interrogé sur l’origine de l’anorexie de sa fille, il a répondu: «Ça je ne veux pas en parler. Cela se saura dans quelques temps parce que je suis en train de déposer une plainte contre qui de droit.» Il a simplement précisé que sa maladie s’était déclenchée en 2002, dans des circonstances que l’on «peut s’imaginer dans ce milieu du show-business…». Ensuite, un projet plus sentimental. Il enregistre avec Vincent Bigler une chanson en hommage à sa fille, et une autre sur laquelle Isabelle chante et joue du violon. Les fonds seront reversés à une association ou fondation de lutte contre l’anorexie, mais il n’a pas encore décidé laquelle.

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